Amour de passions

Publié le par Daniel

On me dira : où trouves-tu le sujet de tes articles presque quotidiens ? Dans ce que cette ville me tend à l'improviste chaque jour dans son grand théâtre. Ainsi hier soir, avant d'aller à l'opéra voir La Fanciulla del West de Puccini, dans une mise en scène de western naturaliste, je passe devant le Salvador, la plus belle église baroque de Séville. Le désir me prend, comme souvent, de jeter un oeil à l'intérieur, histoire de rendre hommage au Christ de l'Amour.

L'opéra de trois minutes que j'ai pu voir a bien valu les trois heures pucciniennes qui ont suivi. C'était la fin de la répétition de la Passion selon Sant Matthieu de Bach, devant le Christ de Juan de Mesa dont la procession du Dimanche des Rameaux est inoubliable. Et de trois donc : après le Christ de la Miséricorde et le Christ de la Bonne Mort musicalement ekphrasisés, ce dernier crucifié, baroque, est transfiguré par la musique, baroque, jouée dans cette église, baroque.

Ce n'est donc pas parce que je trouve Séville belle que je la désire, c'est parce que je la désire, dans ses rues, ses arrières-boutiques, ses églises, ses bars et ses jardins que je la trouve belle, génératrice de passions joyeuses. Les passions tristes des ordures non triées, des piscines couvertes de 25 mètres sans hygiène, des transports publics chaotiques, des cimetières crasseux, des trottoirs crottés, des confréries réactionnaires, des costaleros récemment enjoints de ne pas utiliser de capotes, pèsent peu dans la balance spinoziste de l'amour de la vie.

"Vive la vie", m'écrivait mon ami Claude à qui je dédie cet article.


Publié dans Musique

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