Triduo, quinario, novana, besamano et besapies

Publié le par Daniel

La Séville religieuse des confréries (hermandades), des images sculptées de Christ et de Vierges, peut être un fouillis bondieusard pour les néophytes. Elle a pourtant ses rites et ses codes qui culminent dans les processions annuelles de la Semainte Sainte, du dimanche des Rameaux au Samedi Saint. Pourquoi m'y intéressé-je, athée que je suis ? Je le dirai plus tard quand j'aurai mieux compris ce paradoxe. J'introduis aujourd'hui un de ces rites, le besamano d'une effigie de Vierge, la Vierge de la Charité dans sa Solitude (Virgen de la Caridad en su Soledad).

Cette statue se trouve dans la chapelle de la confrérie du Baratillo, du brocanteur, adossée aux arènes de Séville. La confrérie fait sa procession le Mercredi Saint ("hace su estancion de penitencia") et est spécialement liée au monde taurin et au quartier des arènes, l'Arenal (littéralement le quartier du sable puisqu'il est près de l'ancien port au bord du fleuve).

Plan de Séville avec l'Arenal en 1777

En dehors de la Semaine Sainte ont lieu régulièrement dans la chapelle des messes et des périodes appelées triduo, quinario ou novana. La neuvaine est une dévotion qui consiste à offrir pendant neuf jours de suite une prière ou une démarche de piété à une effigie (triduo : 3 jours; quinario : 5 jours) Cette prière est une tradition très ancienne de l'Église et cette dévotion s'ancre sur les paroles du Christ reprises dans le Nouveau Testament qui incitent à prier avec foi. Par exemple : « Demandez et l'on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l'on vous ouvrira. » (Évangile selon St Matthieu 7,7; Évangile selon saint Luc 11,9).

Le triduo repose en gros sur la même principe mais pendant trois jours.


Ainsi, lors des neuvaines, quinaines ou tridaines dédiées à une Vierge ou un Christ de Séville, il est fréquent que les fidèles de la confrérie ou tout autre croyant viennent baiser les mains de la statue ou les pieds d’un Christ (besamano ou besapies). Je n’irai pas jusqu’à cette pratique mais …j'ai assisté au besamano de cette belle vierge de la Charité dans sa Solitude. La voici d'ailleurs sur son paso du Mercredi Saint.


Et la voilà lors de ce besamano dont vous pouvez suivre des extraits filmés.



Mais l'essentiel n'est-il pas, dans ces moments rituels théâtraux symptomatiques du baroquisme quotidien de Séville, de capter d'autres visages, de jouir de la beauté des femmes qui viennent baiser la main de leur semblable ?  Le pur, l'impur, le désir...

Publié dans Théâtre

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article